www.youtube.com/freshtastical 4mn23 in English
http://myplayhabit.com/histoire-video-28/ 8mn45 en français
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Context : Lidia is 26 years old, has been playing cello for 16 years and is on the way to be a professional player. She was raised in Vigo, Spain. During 3 years, between 23 and 25, she experienced a major physical shoulder problem. An intense 1 week quatuor workshop gave some insights. Here she goes :
“I was really involved with my instrument when I was a kid already, it was personally important and filled with emotions. So it was already a very demanding background and on top of that my school was very competitive in a destructive way. It was a lot of pressure, like if you don’t play good, you have no friends. In the school environment, if someone does mistakes his social life collapses because nobody wanted to have a friend who does not play well.
So, pressure was not only coming from the teachers. It was a general atmosphere. But approach from the teachers was bad too, like if practice does not hurt (in a physical way) it means that you are not playing good. The way of focusing on the technique, skills, was not efficient. You had to repeat hundred times if needed.
A lot of tension came from the fear of making mistakes. Younger I used to have skin issues because of the stress of those fears. Also at 10, I was told that I was already too old to start playing, and that only added pressure. I used to practice 8 hours a day between age 19 and 21. What happened is that at 22 I got injured. My shoulder bone came out of its place. That is easy to fix but because of all the tension and physical work, it took a long time to recover. 18 months without playing at all !! My muscles in the shoulder were devastated from too much of inefficient work.
Then I had to start again, it was like 1mn a day then 2, etc. Long and slow process. In the healing process I met my physical therapist, Nabor, specialized in professional sports. He taught me how to be efficient without abusing my body. The technique was to visualize every movement. Very precisely, each finger, each sound, each movement, the breathing, energy, emotions. Like in real except I was lying down. At that time I was playing real 15mn a day ! And it worked. I was able to pass all my exams for orchestra, chamber music and cello. I had to admit it worked to play little but in a very efficient way.
And that also is what my workshop teacher taught me : where you are playing something hard, to smile, to enjoy what you play, to have an open physical position (not to roll onto myself). And he always says that nobody does perfect on the first trial, and to be patient and allow mistakes. The important thing is to be able to recognize and analyze the mistakes and then to correct them in a very intelligent way which means to be factual and not emotional about it (like saying to oneself “you are bad” and to suffer. To not identify the mistake with yourself and your music. It is important to keep in mind that music is something I do for pleasure and that I share for pleasure).
This approach in work really changed my all life. Because making mistakes in life is also the natural way of learning. So by integrating in my “dna” that natural fact, it helped me to have a successful personal life, and also to feel positive, peaceful and happy J
[je préfère garder l’anonymat] Etudiante à l’Essec, 21 ans, ai grandi à Paris, 2 frères.
Interview réalisée à Barcelone, août 2014
Fin de seconde, entrée en première, il fallait choisir une voie. Moi tout m’intéressait, je n’avais pas de préférence particulière. Compte tenu de mon bon niveau scolaire, mes profs m’ont dit sans hésitation qu’il fallait aller en section S (scientifique). Moi qui aimais les langues, la philo et aussi les maths, je ne me sentais pas trop à ma place en 1er S, et je me disais à quoi ca va me servir ? Ingénieur, je pensais que c’était pour les garçons, médecine c’est inenvisageable vu qu’une simple prise de sang me fait tomber dans les pommes.
J’ai comme même fait section S en 1er. J’avais, dans le cadre de la section européenne anglais, 2h en plus de maths en anglais par semaine. Mais les maths en anglais ne faisaient apprendre que très peu de vocabulaire et le prof n’était pas impliqué, je sentais mon niveau régresser en langue alors j’ai voulu changer de section. Bref, à la fin de la 1ère, en additionnant une rencontre opportune, j’ai vite switché pour aller en terminal ES (économique et social).
Cette initiative est venue de moi toute seule, or elle aurait dû venir (je pense) de la conseillère d’orientation ou de mes profs, qui sont censés être là pour nous aider et nous guider. De façon générale, la conseillère d’orientation n’a pas aidé beaucoup de lycéens à mettre du sens dans leur parcours. C’est d’ailleurs assez paradoxal parce qu’à chaque rentrée scolaire dans les classes du lycée, le directeur nous disait qu’il ne fallait pas se préoccuper de notre BAC mais plutôt de l’après bac…
Ainsi j’ai des amis qui ont perdu une, voire plusieurs années, après le bac parce qu’ils ne savaient pas s’orienter et que personne n’était là pour les aider. Par exemple une amie qui a fait un bac L se retrouve maintenant dans une école d’infirmière, après avoir tenté un an en droit et un an à préparer des concours pour des écoles de journalisme. Des amis ont arrêté la prépa au bout d’un trimestre parce qu’ils ne s’attendaient pas à un tel rythme et ont été obligés d’attendre la prochaine rentrée en septembre pour se réinscrire à la fac.
Je me suis donc retrouvée en terminal ES (dans le même lycée). Et je m’y suis beaucoup plu, c’était cohérent on recevait des documents riches et tout était lié, même les maths étaient amusants. Et comme je n’arrivais pas a me décider sur l’après bac, on m’a parlé de classe prépa, on me les as présentées comme une continuité du lycée, cela me permettait d’avoir 2 années supplémentaires pour réfléchir à mon parcours professionnel. Je suis donc allée dans une classe préparatoire privée (catholique) pendant 2 ans dans le 16ème et ce fut un épisode assez particulier…
Dès le début, des détails m’ont choquée: par exemple pour les 6ème si ils oubliaient une affaire le soir ils avaient droit à une heure de colle le lendemain. C’était strict au niveau vestimentaire (tu viens en tee-shirt, tu repars chez toi), messe obligatoire. Nous, même en prépa, on lisait la bible en cours “formation humaine et spirituelle”. Si on séchait, on était privé de cours de maths (et c’était la pire des punitions, déjà qu’on ne comprenait pas grand-chose en assistant à tous les cours).
Tous les profs étaient très vieux, et il y avait un fossé entre profs et élèves. Une fois un élève a enregistré des cours pour mieux comprendre, le prof s’en est aperçu à cause d’un problème technique de l’appareil et l’élève a été contraint d’effacer tous ses enregistrements. Comme si il y avait une compétition ente élèves et profs, comme si les profs avaient peur de donner leur savoir !! C’était bizarre, on ne faisait que taper sur nos ordi ou recopier des tableaux, on ne comprenait rien en cours, et après on devait tout revoir à la maison, ce qui était frustrant et légèrement désespérant parfois. Le seul moyen de s’en sortir c’était de travailler avec les autres. On ne trouvait même pas le temps de lire des bouquins pour s’aider à mieux assimiler le cours des profs. Tout était tellement difficile pour rien et chronophage, je crois qu’on devenait débile. Un an après je ne me souviens de rien des cours de prépa!! On apprenait par cœur ou on bachotait mais on ne retenait rien de très profond.
L’histoire économique qu’on nous enseignait était remplie de détails, on avait souvent du mal à voir ce qui était important à retenir. Autre exemple, en langue, l’épreuve du concours c’est une traduction et un essai de 200 mots. Or 200 mots est trop court pour juger du niveau de langue d’un élève et je trouve que ce n’était pas apprendre une langue que de connaitre des mots techniques comme moissonneuse-batteuse et de ne pas savoir le vocabulaire courant !! Car il nous était demandé de traduire des mots très spécifiques. Ca m’a aussi dégoûté de l’apprentissage des langues alors que j’aimais beaucoup ça. En espagnol il fallait connaître l’histoire de tous les pays d’amérique latine !! J’ai eu 5 de moyenne pendant 2 ans, bon la moyenne de l’école c’était 6. La moitié de la classe était souvent à zéro en langue. En traduction on avait même la vraie note, genre -40 (moins 40).
Bizarrement nous n’étions qu’un quart de la promo à se sentir aussi mal. Je ne suis pas partie de ce cursus car je ne voulais pas gâcher une année et j’en avais tellement bavé en première année, je ne voulais pas que tout cela ne me serve à rien. Plein de gens je crois aiment bachoter, ils déclarent même vouloir cuber (redoubler 1 ou 2 ans) pour intégrer une top école. Ils bossent donc en 1er année de prépa avec la vision de rater et donc avec l’organisation qui va avec. Je trouve ça étrange, tout comme le fait que plein d’élèves semblent aimer qu’on leur dise qu’ils sont nuls, ça semblait les booster. J’avais donc de très mauvaises notes, et je ne progressais pas (du moins au niveau des notes), mais quand je relisais, avec du recul, mes textes je les trouvais bons. Et quand je demandais des explications aux profs, ils n’avaient jamais le temps ou avaient d’autres excuses pour ne pas entrer dans une discussion.
J’étais donc mal classée en prépa mais j’ai fait ce qui s’appelle un “hold-up” : j’ai eu l’Essec, soit la 2ème école, du premier coup. J’ai été très surprise. Entrée en école de commerce, je m’attendais à vivre un changement de mentalité, de rythme et de contenu de cours, par rapport à la prépa. On nous avait bien vendu cette école lors des journées de présentation. Pour info, l’Essec c’est un budget de 10.000 euros par an pendant 5 ans (les 5 années c’est une autre arnaque). L’image qu’on nous avait donnée, c’était la mise en avant de pléthore de possibilités, de la flexibilité, une diversité de cours.
Donc je m’attendais a ce que ce soit vraiment bien. Une fois arrivée à l’Essec, déjà c’est Cergy, le RER A , celui qui marche le moins bien. Paris-Cergy c’est plutôt 2h30 que 1h30. Cergy c’est mort, voire dangereux. Régulièrement, des filles (ou des garçons) se faisaient arracher leurs sacs devant l’Essec, de nuit comme en plein jour.
Et les cours ne sont pas pratiques dans le sens opérationnel, je ne m’attendais plus à avoir des matières scolaires (macro, micro, stat), et en fait on a refait nos cours de prépa !! rien qui soit concret ou qui nous permettent d’imaginer le futur, notre futur. Beaucoup de cours, pas de temps pour les associations, les profs demandent beaucoup de travail et à l’arrivée on a peu de temps pour les à-côtés. Les cours de langue sont désastreux, je crois que le but c’est de ne rien nous apprendre !! C’était encore plus ultra scolaire que la prépa. Imaginez des pages de poèmes à apprendre par Coeur, à devoir réciter d’une semaine sur l’autre au risque d’avoir un zéro. Car tout est noté. Pourtant on a jamais vu nos notes. On a juste une moyenne à la toute fin de l’année et c’est tout. D’ailleurs, plusieurs élèves ne comprenaient absolument pas cette moyenne.
Souvent on a signé des pétitions pour essayer de faire changer les choses mais l’administration semble être immunisée à tout changement. Nos revendications sont les suivantes : moins de cours, moins de travail, moins de notes, plus de transparence dans la notation, des cours qui servent, des cours concrets.
Mais le pire c’est pour les littéraires. C’est bien joli de dire “nous on accepte tout le monde quelle que soit votre section” mais rien n’est fait pour eux : toutes les matières quasiment sont matheuses. Alors ils suivaient des cours particuliers de maths, ils amassaient de rares points lors des partiels, allaient au rattrapage, travaillaient beaucoup (presque comme en prépa), allaient se plaindre à l’administration qui leur répondait que “oui ca va être dur mais avec le travail, vous allez finir par y arriver”. A 10 000 euros l’année, on aurait pu s’attendre à plus de compassion.
Autre chose, en avançant dans l’année, on nous apprend qu’il faut avoir 600 au GMAT, et donc une centaine d’heures de travail préparatoire. Pour avoir ce score, il y a des élèves qui doivent repasser l’exam 4 ou 5 fois, et c’est 400 euros à chaque inscription. Et c’est une condition de 1er année pour valider le bachelor, sinon on peut être viré !!
Un autre souci à l’Essec ce sont les échanges universitaires. En principe toutes les écoles de commerce ont des centaines de partenaires, et pour avoir le diplôme il faut valider un certain nombre de mois à l’étranger. Les partenaires de l’Essec sont si peu nombreux, que peu de gens peuvent partir. En plus ils demandent une moyenne très haute (16-17) et un score au « gmat » supérieur a 650. On doit donc se débrouiller seul pour trouver des stages à l’étranger.
D’autre part, je pensais pouvoir reprendre les activités « extra-scolaires » qui me plaisaient et que j’avais dû interrompre avec la prépa, mais là aussi j’ai été assez déçue (comme beaucoup d’ailleurs). En effet, il y a une sélection à l’entrée et les critères d’admission sont on ne peut plus subjectifs et n’ont pas grand chose à voir avec l’objet d’une association. Par exemple, ceux qui sont dans le cinéma n’aiment pas particulièrement le cinéma, c’est juste parce qu’ils se connaissent et qu’ils veulent rester entre eux, comme une sorte de secte. Bref c’est pas très sympathique de ne pas pouvoir aller dans une association qui traite d’un sujet que l’on aime. De façon générale, c’est un peu à l’image du fonctionnement de l’école.
Pour conclure, je peux rajouter, ce qui n’est pas un détail, que je me suis rendue compte en cours de route, à quel point il était difficile de quitter le navire et abandonner. En effet partir c’est sans équivalence ni diplôme. On est vraiment prisonnier d’aller au bout du système.
Education Design Lab is based in Washington DC
21st Century Skills/Badging Challenge
How might we assess, measure and guide a student’s 21st century skills development within or beyond a university degree?
Learning and skill development happens everywhere. The Badging Challenge looks at how we might create ways to measure, develop and credibly display skills and competencies. Learners inside universities have many ways to track their progress toward majors, but few if any similarly credible ways to evaluate and pursue the skill competencies they will rely on in the workforce. A meaningful education creates a platform for lifelong learning, but aside from degrees and certificates, there are few ways to show others our current skills and how we may have “retooled” for the next career.
Helping universities / entrepreneurs / employers / government / foundations / non-profits design, test and implement new education models :
www.credly.com plateforme “open badge”
Un exemple de solutions, nouvelle technologie, pour permettre à chacun de valider et partager des acquis de toutes sortes et notamment des compétences comportementales !!! Achievements Verified and shared.
http://www.lesechos.fr/19/09/2011/LesEchos/21019-050-ECH_quand-la-science-etudie-l-efficacite-des-profs.htm Alain Perez, Les Echos, 19 septembre 2011
Entre 10 et 15 % des écarts de résultats constatés en fin d’année entre élèves s’expliquent par l’enseignant auquel l’enfant a été confié.
Un fait semble admis par la majorité des experts : un bon prof est avant tout un animateur sachant entretenir l’attention de son auditoire.
le rôle du professeur est finalement plus important que l’établissement dans la réussite des élèves.
L’essentiel des recherches se déroule aux Etats-Unis. La fondation Bill & Melinda Gates a lancé en 2009 un programme destiné à mesurer sur le terrain scolaire la performance éducative des enseignants. .. Ce programme vise deux buts principaux : découvrir les professeurs qui excellent dans leurs disciplines et percer les secrets de leur réussite pour les transmettre aux autres.
Tout reste à inventer
La magie de la dynamique des camps musicaux d’été (summer camp) : comment les enfants se donnent entre eux autant de joie et de motivation, sans compter l’apprentissage de techniques musicales et tout un horizon nouveau de possibles.
Interview Decembre 2014, Roni
Mon premier « camp musical ». Voilà c’était il y a presque 30 ans et c’est quelque chose de très frais encore. Qu’est-ce qui fait que c’est encore présent en moi, que c’est toujours resté toujours aussi magique ?
Roni a les yeux qui pétillent dès qu’il en parle, alors je lui tends rapidement le micro.
D’abord j’ai commencé la musique assez tard, à l’âge de 11 ans, directement au conservatoire. De l’alto. En fait je voulais jouer du violon mais la classe d’alto était un peu vide, alors on m’a dit « est-ce que tu ne veux pas commencer à jouer de l’alto ». Ne venant pas d’une famille de musiciens je ne savais pas ce que c’était. J’ai demandé si c’était pareil, on m’a répondu « c’est la même chose », et j’ai enchainé « si c’est la même chose, alors OK ». Je suis aujourd’hui très content d’avoir commencé directement par l’alto, et je veux préciser que je joue toujours et que je n’ai jamais arrêté..
Chose importante, mes parents m’avaient dit : « amuse toi autant que tu veux en jouant de la musique, mais garde en tête que ce ne sera pas ton métier, ce sera un hobby, et c’est formidable de faire ça comme un hobby ». Garde toujours à l’esprit que c’est pour ton plaisir ». C’est une philosophie que j’ai toujours gardée et j’en suis très content. Aujourd’hui je fais effectivement un métier qui n’a rien à voir avec la musique puisque je suis ingénieur dans le secteur de l’environnement. J’en suis content, car en effet, même si j’ai commencé tardivement, j’étais plutôt doué et les profs ont vu en moi un potentiel de musicien professionnel et ils avaient tendance à me pousser, en disant « vas y, vas y » avec l’esprit conservatoire, c’est-à-dire en me mettant la pression comme on fait en France. Bon, moi j’étais toujours très cool grâce à mes parents qui m’avaient bien expliqué de me passionner autant que je voulais, mais que je n’en ferai pas mon métier, et que ce ne devait être que du plaisir. Voilà pour le préambule.
Quand j’avais 14 ans, après 4 ans de conservatoire, il y a eu un summer camp de « musique et cheval ». L’équitation je n’en n’avais jamais fait de ma vie mais c’était étonnant comme ca ce « musique et cheval ». C’est ma prof d’alto qui m’en avait parlé. J’ai sauté sur l’occasion sans savoir à quoi m’attendre. J’ai dit « allez hop on y va ». Ca durait trois semaines. Et c’était vraiment génial, génial, génial.
Alors en quoi c’était génial ? Quand j’y repense j’ai l’impression d’avoir de nouveau 14 ans. (Les yeux pétillent toujours autant !) D’abord on jouait tous les jours, il y avait cours d’instruments individuels, on travaillait avec un tuteur, on avait quatuor et on avait orchestre, donc trois activités différentes tous les jours. Il y avait beaucoup d’instruments mais uniquement des instruments à cordes, violon, alto et violoncelle, comme ça il n’y avait pas de problème pour faire des quatuors. Il y avait plein de formations différentes, je me rappelle d’un octuor de violoncelles, c’était très créatif. On jouait tout le temps, évidemment moi je n’en avais pas l’habitude car la routine c’était une fois par semaine au conservatoire et chez moi peut-être deux fois par semaine. D’un seul coup ça devenait intensif mais cool car il n’y avait aucune impression d’intensité. Et en plus il y avait équitation je crois une fois tous les deux jours. J’ai appris à monter à cheval et j’ai adoré aussi. Je n’étais jamais monté sur un cheval de ma vie et assez rapidement on s’est mis à galoper en forêt. Peu de personnes se sont mises à s’essayer au galop qui n’avait jamais fait de cheval avant. Pour moi cela s’est bien passé et ça aussi c’était un truc génial
On devait être une trentaine d’élèves en tout dans le camp. On était dans le même état d’esprit, on était toujours ensemble, on partageait tous la même passion, on était tous des musiciens, on aimait ça. Entre un violoniste, un violoncelliste et un altiste il y a peu de différence, on partage la même passion, les mêmes musiques et en plus on découvre les uns des autres. Si il y en a un qui disait « ouais moi je vais jouer un super truc de Bach, si je n’en n’avais jamais entendu parler, je disais on va jouer ensemble, on va essayer…
On avait des niveaux différents mais on partageait tous la même passion. La plupart des élèves avaient commencé la musique à 5 ou 6 ans donc je faisais partie des plus faibles niveaux. Mais tous les « anciens » étaient encourageants et je pouvais me mélanger et jouer avec eux. Je n’avais pas de complexe à être moins bon, d’ailleurs dans l’environnement bienveillant qui était le nôtre, tout poussait à essayer, à tenter, à oser sans aucun complexe. Tout était très naturel, très fluide, très cool et on était content les uns avec les autres, on était content les uns des autres. On aimait s’écouter.
On se disait intérieurement et tout haut « waouh, c’est génial », on était très bienveillant, même protecteur. On avait à peu près le même âge, ça allait de 11 à 16 ans. C’est aussi l’âge où on commence à draguer, il y avait plein de nanas mignonnes et moi c’était la première fois que je sortais avec une fille. Evidemment tout ça aide aussi à faire que c’est encore mieux. Alors je ne sais pas ce qui faisait qu’il y avait tellement de magie, mais il y en avait, c’est évident.
Évidemment le niveau musical a progressé énormément car on jouait tout le temps. Le dernier jour les parents viennent et on fait un concert où tout le monde joue. Alors évidemment tous les parents étaient super impressionnés. Ils ne nous avaient lâchés que trois semaines avant mais la différence, pour eux, surtout ceux qui comme les miens venaient pour la première fois, était sidérante. On a énormément appris et progressé et ça aussi c’est un plaisir immense. Il y avait vraiment une ambiance inoubliable.
LES EI
Les camps musicaux étaient magiques, mais les camps des EI tout autant. Là aussi j’ai commencé sur le tard car j’ai grandi dans une ville très éloignée des communautés juives, dans un coin paumé sur la Loire. C’est un ami de la région parisienne qui m’a dit « c’est génial vient ». J’y suis allé et il avait raison, c’était absolument génial. C’était à l’autre bout de la France, quelque part dans le sud, c’était magique aussi et pourtant il n’y avait pas la musique. Comme quoi la musique n’est pas essentielle. Ils n’étaient pas des génies ou des gens avec qui je partageais une même passion et pourtant c’était génial aussi comme dans les summer camp musicaux.
Moi je l’ai vécu comme une passion forte avec d’autres personnes, avec qui je me sentais proche, avec qui je partageais plein de choses et quelque chose de très fort. Aux EI, quand on devait partir à l’aventure en petits groupes avec uniquement 20 francs par jour et par personne pendant trois jours, c’était super. On apprenait. C’est un grand mot de dire « apprendre » mais c’était l’aventure entre nous, on se baladait, c’était la liberté. Il n’y avait pas d’autre contexte où on nous laissait trois jours comme ça partir à l’aventure. « Vous vous débrouillez » ! et à l’époque les téléphones portables n’existaient pas encore.
Mais il n’y avait pas que ça, tout le camps était génial, on s’est éclaté. Il y avait un autre rapport au temps, par rapport à l’école ou avec les parents là où on habite. Je ne sais pas forcément comment expliquer pourquoi c’était génial… mais c’était réellement génial.
La liberté était quelque chose de spécial, il fallait savoir quoi en faire. Pourtant avec mes parents, mes frères et moi étions très libres, ils avaient une grande confiance en nous donc cette liberté ce n’est pas quelque chose que je découvrais. Mais c’était une liberté au-delà de quelque chose d’habituel. Et nous entendre dire « voilà vous partez trois jours et vous revenez dans trois jours… » c’était fou. On marchait à l’aventure par petits groupes de 5 ou 6, sans mono (moniteur), sans rien, on était livré à nous-mêmes. C’est génial, c’est une liberté totale ! On se disait on va voir où on va dormir, ça va être cool, et c’était cool, tout était cool. On marchait je ne sais plus combien, peut être 20 km par jour, on avait quand même une destination de prévue. Je crois qu’il fallait passer un coup de fil par jour depuis une cabine téléphonique mais on était libre. On avait des instructions mais à travers ces instructions on était libre.
On avait un tout petit budget pour gérer le groupe, évidemment il fallait dormir gratos, c’est-à-dire demander aux habitants des villages est-ce qu’on peut dormir dans votre grenier. On a dormi une fois dans du foin dans une ferme et c’était étourdissant car c’était la notion de liberté par excellence. Voilà, wouai, c’était super.
Florence Noiville : «Les diplômés d’HEC sont taraudés par la quête de sens»Propos recueillis par Géraldine Dauvergne | Publié le 17.09.2009 à 14H56
L’enseignement des affaires en France est-il adapté aux enjeux sociaux et environnementaux ? Quelle est sa part de responsabilité dans le désastre de la crise ? Journaliste au Monde, Florence Noiville* soulève ces questions et bien d’autres dans son ouvrage « J’ai fait HEC et je m’en excuse » (Editions Stock), à partir des témoignages de ses anciens camarades de promotion à HEC. Pour Educpros, elle confronte son point de vue à celui d’Hervé Crès**, ancien directeur de la grande école d’HEC, et actuel directeur des études à Sciences Po. Extrait :
Les uns, les plus cyniques, continuent sans se poser de questions. Les autres cherchent à combattre la vacuité et même l’absurdité de ce qui fait l’essentiel de leur vie professionnelle. Souvent, ils mènent une double vie : avocat d’affaires le jour, psychanalyste le soir… Ils se bricolent du sens. Mais dans tous les cas, ce qui me frappe, c’est leur sentiment d’impuissance.