Janusz Korczak : un grand pionnier de l’éducation

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http://www.korczak.ch/doc/ids/ids_20130103_fr_0.pdf Stanislas Tomkiewicz, Texte tiré des actes du colloque tenu à Genève en 1981 : Janusz Korczak, l’homme, le médecin, l’éducateur, le poète.

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Extraits :

  • Plus le niveau spirituel de l’éducateur est pauvre, plus sa morale est incolore, plus grand est le soin qu’il prend de sa tranquillité et de son confort, plus il édictera d’ordres et d’interdictions, en prétendant que c’est pour le plus grand bien des enfants…
  • Educateur, sais-tu pourquoi le petit Jeannot se promenait avec son manteau en plein mois de juillet ? Eh bien, c’est parce qu’il avait un pantalon déchiré et il n’osait pas se montrer à la jeune fille qu’il aime et qu’il doit rencontrer au jardin. »
  • Korczak, au contraire, savait sublimer: sa sensualité, ses pulsions, sa sexualité, ses désirs aussi forts que chez chacun de nous, il savait les transformer en amour pour l’enfant et en dévouement; sa bienveillance pour les peccadilles, les bêtises des enfants en faisait précisément un grand pionnier de l’éducation moderne à la liberté.
  • … faire des colonies de vacances pour les enfants les plus misérables, les orphelins, les enfants de manœuvres, était déjà un acte révolutionnaire ,
  • Korczak formait le caractère de l’enfant en s’efforçant d’éveiller en lui le désir de s’éduquer, de se contrôler soi-même. Il éduquait d’une façon totalement désintéressée, non pas dans l’esprit ni dans l’intérêt d’une religion, d’une nation, d’un Etat ou d’une doctrine politique, mais uniquement pour le bien de l’enfant lui-même.
  • … le sort d’un seul petit enfant pauvre importe autant que toute la pédagogie en général.
  • Or Korczak a renversé le problème en disant qu’actuellement un tiers de l’humanité est constitué d’enfants et qu’au lieu de les considérer comme des êtres immatures, il serait plus normal et plus juste de les considérer comme une minorité opprimée.
  • Korczak dans sa pratique et dans sa théorie a rompu avec la pédagogie fondée sur une supériorité supposée de l’adulte par rapport à l’enfant, fondée sur le fait que l’adulte peut commander et que l’enfant doit obéir. Il a parlé au contraire du droit de l’enfant à la désobéissance,
  • Korczak a toujours su éviter le contraire non-dialectique de l’autoritarisme: le laisser-aller et l’abandon total. Il n’a jamais prôné, comme certains le font aujourd’hui, le laisser-aller pédagogique, l’attente de l’émergence du désir de l’enfant, l’indifférence totale. Vingt ans de cette pratique en France montrent que ce système est aussi mauvais que l’autoritarisme,
  • Korczak n’a pas craint de parler d’amour des enfants, de leur droit au bonheur, alors que dans son pays, à son époque, le bonheur n’était pas bon, était quelque chose d’immoral parce que l’homme devait avoir beaucoup plus de devoirs que de droits; le bonheur était à la rigueur admissible pour les enfants de gens riches mais considéré comme tout à fait pervers pour les enfants des pauvres.
  • Ce n’est pas la méthode pédagogique qui importe le plus, mais l’esprit avec lequel elle est appliquée… Et les enfants qui ne sont pas dupes, le sentaient bien.
  • Il a très bien su dire que l’amour où l’adulte dit à l’enfant “je t’aime, donc tu es mon objet; je t’aime, donc tu dois faire tout ce que je veux” n’est ni bon ni vrai. C’est un amour sans respect, un amour qui empêche l’enfant de s’épanouir.
  • Korczak fut le premier à dire que le devoir de la mère est d’écouter son enfant, de sentir ce qu’il veut et s’y adapter et non pas de lire des livres scientifiques ni de l’élever un livre dans une main et le biberon dans l’autre.
  • Korczak peut être considéré comme un pionnier, un précurseur: l’importance qu’il a donnée à ce que Freud appelait le contre-transfert… Korczak ne se contente pas de décrire et de mettre en cause l’enfant avec ses troubles, son passé et ses malheurs : à chaque fois il décrit et met en cause en même temps l’adulte qu’il appelle “éducateur”, “parent”, et qui est souvent lui-même… Je crois qu’avant de prendre en charge un enfant, il faut souvent se soumettre à une espèce de gymnastique spirituelle, à un auto-entraînement, à un véritable yoga de l’esprit et du corps, pour nous rendre aptes à le comprendre, à le tolérer et à l’aimer. Sans cela on ne fera jamais de vraie éducation: on fera du gardiennage ou de la science, mais les enfants n’y trouveront jamais leur compte.

Other text among many : http://www.korczak.ch/doc/ids/ids_20130101_en_0.pdf Par Daniel S. Halpérin, Janusz Korczak : educator, poet and humanist, in english