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Philippe Meirieu, né le 29 novembre 1949 à Alès (Gard) , est un chercheur et écrivain français, spécialiste des sciences de l’éducation et de la pédagogie. Il a été l’inspirateur de réformes pédagogiques. En s’appuyant sur les écrits des grands pédagogues (de Rousseau à Freinet), il met en exergue les tensions inhérentes à l’éducation.
Selon lui, le rôle de l’école est à la fois d’instruire et d’éduquer, la finalité étant l’émancipation de l’élève et le développement de son autonomie. De ce fait, comme l’avait démontré aussi Olivier Reboul, tout enseignant est confronté à un certain nombre de contradictions :
- l’enseignant (et plus globalement tout éducateur) doit s’efforcer de transmettre des normes sociales pour favoriser l’insertion de l’enfant dans la société. Mais il doit aussi lui apprendre à penser par lui-même et à examiner de manière critique les règles sociales existantes. L’éducation à la liberté revêt donc un caractère paradoxal.
- il existe de même une tension entre la nécessité de faire acquérir à l’élève des savoirs qui sont nécessaires à sa formation et la prise en compte de ses centres d’intérêt. En effet, tout apprentissage véritable nécessite la mobilisation de l’intérêt de l’élève. Sur ce point il précise lors d’une conférence qu’il tient à Lille que “la concurrence est le résultat naissant sous l’action de l’arme évaluative” et que cette concurrence est nuisible pour la majorité des élèves. Seuls les savoirs scolaires faisant sens pour l’élève pourront être assimilés durablement. Il est donc tentant de promouvoir à l’école des thèmes ou des activités qui sont susceptibles de déclencher l’intérêt immédiat de l’élève. Cependant, en privilégiant les centres d’intérêt des élèves, l’enseignant risque de ne pas ouvrir à de nouveaux objets de connaissance et à de nouvelles pratiques culturelles. Philippe Meirieu résume le problème ainsi : « L’intérêt de l’élève est-ce ce qui l’intéresse ou plutôt ce qui est dans son intérêt ? Car de toute évidence, ce qui l’intéresse n’est pas toujours dans son intérêt et ce qui est dans son intérêt ne l’intéresse pas vraiment12 ».Pour expliquer — voire dépasser — ces contradictions, Meirieu met en avant le fondement éthique de l’éducation. Il énonce ainsi deux postulats qui sous-tendent l’acte éducatif :
- le postulat d’éducabilité (inspiré du philosophe et pédagogue Herbart, successeur de Kant à la chaire de Königsberg) : toute personne est susceptible d’être éduquée, et je suis capable, en personne, de l’éduquer. C’est ce principe qui conduit l’enseignant à faire évoluer ses pratiques pédagogiques de manière à faire évoluer positivement les élèves, tant sur le plan cognitif que dans le domaine socio-affectif.
- le postulat de liberté est le pendant du principe d’éducabilité. Dans les sociétés démocratiques, l’éducation ne peut être assimilée au dressage. Ses résultats sont donc incertains car en dernière instance, l’apprentissage est du ressort de l’élève. « L’enseignant doit donc donner au sujet la possibilité d’exprimer ses propres projets individuels et collectifs13 ».Il met avant tout l’accent sur le fait que chaque élève est différent et que les classes sont inévitablement hétérogènes. Face à cette hétérogénéité, il propose d’utiliser la pédagogie différenciée et plus particulièrement les groupes de besoin. De manière plus générale, il puise sa réflexion dans les écrits des pédagogues français tels Freinet, Fernand Oury…
http://www.meirieu.com/ARTICLES/pedadif.pdf La pédagogie différenciée : enfermement ou ouverture ? 32 pages en français
Extrait : Il faut savoir, en effet, que dès 1905, à l’école de Dalton aux États-Unis, Miss Parkhust, convaincue de la nécessité de différencier les parcours de formation des élèves en fonction de leur niveau et de leur « personnalité », décide de supprimer les classes et met en place un travail par fiches individuelles à partir de tests initiaux… Elle en tire, en 1908, un premier bilan que j’ai schématisé par le tableau ci-dessous et qu’il est fort instructif de relire aujourd’hui.
Avantages | Inconvénients |
Rationalisation de l’instruction par le découpage minutieux des progressions et la richesse de la documentation. | Fixation excessive sur le programme qui devient le centre du système à la place de l’élève. |
Développement du sens de l’organisation des élèves. | Taylorisation du travail et perte du sens des activités scolaires. |
Finalisation des activités scolaires ‘l’élève sait ce que l’on attend de lui et pourquoi il est là). | Développement des attitudes de divination au détriment des attitudes de réflexion. |
Amélioration des rapports entre enseignants et élèves : les enseignants deviennent de véritables personnesressources qui aident les élèves dans leur travail. | Manque de contacts oraux entre les élèves et privilège abusif de l’écrit. |
Diminution de la perte de temps. | Sélection implicite des élèves adaptés à cette méthode (la différenciation ne porte que sur la gestion du temps) |
Adaptation aux rythmes et cursus de chacun. | Danger d’enfermement de chacun dans une « personnalité » considérée comme définitive (les « lents », les « moyens », les « rapides »). |