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Stella BARUK, Le gout des maths, une affaire de langue

Stella BARUK, Le gout des maths, une affaire de langue

Article du 13 septembre 2008, Le Monde 2, Pascale Krémer, photos Vincent Leloup

français, 8 pages

Stella aura consacre toute son énergie, heureusement inépuisable, à lutter contre l’échec scolaire. Vie qui débute en Iran à la fin des années 1930, dans une famille juive. Elève prodige qui devore des bibliothèques entières, excelle en musique,.. Après l’Iran, elle vit en Syrie, puis au Liban où, durant 3 ans, elle fréquente le Centre d’études mathématiques de Beyrouth. A la fin des années 1950, elle choisit la France, …

Extraits choisis :

L’echec en maths n’est pas l’échec des enfants, ni même des professeurs, mais celui d’un système d’enseignement qui prouve, depuis au moins trois décennies, son inaptitude à transmettre un savoir. “Cessons de dire que les élèves sont en difficulté, examinons plutôt ce qui les a mis en difficulté !” Il s’agit de “réparer”, contrecarrer la pseudo-fatalité de l’échec… Comment ne pas produire d’élèves en difficulté ? Pourquoi tant d’enfants dont l’intelligence fonctionne partout sauf en math ?

“Je lui ai envoyé une dizaine d’élèves bousillés mathématiquement, raconte le romancier Daniel Penac. Je n’en ai pas vu un qui ne soit revenu métamorphosé, remis sur pieds.” Des enfants enthousiastes qui, à chaque question, trépignent sur leur chaise en levant le doigt. Et une classe homogène dans la réussite.

Avant, on ne pouvait pas empêcher les écarts de se creuser entre les élèves. Ils vivent cette matière comme exclusivement destinée à l’évaluation scolaire, à la sélection. Elle exerce sur eux une pression énorme. Dramatique, quand les maths sont intrinsèquement confondues avec l’exercice de l’intelligence. Si on ne réussit pas, c’est qu’on est bête! Adultes, ils en gardent une blessure.

Ce constat peu réjouissant posé, Stella Barak propose une autre pratique d’enseignement au cœur de laquelle est placée la question du sens. L’erreur, pour elle, n’a rien d’infamant. Elle vaut question implicite. Témoigne du fait que l’enfant a compris autre chose que ce qu’on voulait lui faire comprendre. Il faut d’urgence en trouver la raison. Analysée, dépassée, l’erreur fait donc partie du processus d’appropriation du savoir.

Si on évaluait les enfants qui apprennent à parler, ils seraient tous bègues! Depuis Jules Ferry, l’école se trompe sur la façon de l’enseigner.

L’Age du capitaine, le fameux livre de Mme Barak, avait attiré l’attention sur les absurdités d’un enseignement des mathématiques, réduit à des opérations sur des nombres traités sans conscience des enjeux intellectuels qu’ils mobilisaient. Et plus intéressant encore, les élèves y sont devenus exigeants en compréhension, ils posent des questions dans les autres disciplines. Lorsqu’un enfant ne comprend pas, c’est que quelque chose n’a pas été intelligible au niveau de l’apprentissage, idée qui n’est pas partagée par la majorité des enseignants, convaincus que l’échec scolaire vient des handicaps socioculturels.

La mémoire ne doit être là que pour retenir des résultats qu’on a appris à trouver par divers moyens. Un automatisme ne le devient qu’après avoir pris du sens. J’affirme que tous les enfants sont capables de faire des maths jusqu’au bac.

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